L’emploi de la langue neutre en entreprise provoque régulièrement des incompréhensions, parfois même des conflits larvés. Les guides officiels recommandent l’usage de l’écriture inclusive, mais la mise en pratique reste floue pour beaucoup.
Certains employeurs pensent que l’accompagnement de la transidentité se limite à la signature d’une charte, alors que les besoins réels dépassent largement ce cadre administratif. Face à des personnes inconnues, la question du pronom ou du prénom choisi suscite encore des maladresses, souvent involontaires mais lourdes de conséquences.
Pourquoi il est parfois difficile d’aborder une personne non binaire quand on ne la connaît pas
Dès les premiers échanges, l’incertitude s’invite : le genre d’une personne ne se devine pas, et les automatismes hérités, il, elle, madame, monsieur, se révèlent vite insuffisants. Les habitudes prennent parfois le dessus, poussant à trancher trop vite pour ne pas paraître impoli. Mais l’hésitation se lit, et l’ambiguïté s’installe.
Approcher quelqu’un qui ne rentre pas dans les cases du genre bouscule la routine sociale. Montrer du respect sans en faire trop ni paraître maladroit, voilà le défi. Il s’agit moins de maîtriser une liste de mots que de s’ajuster, à chaque rencontre, à la façon dont chacun souhaite se présenter. Pour beaucoup, faire place à la diversité des identités oblige à sortir de sa zone de confort, et l’appréhension de se tromper ou de heurter n’est jamais loin.
Quelques pistes, éprouvées sur le terrain, aident à éviter les faux pas et à créer un climat d’écoute :
- Ne partez jamais d’une supposition sur le genre : miser sur la neutralité limite les risques de blessure.
- Lorsque c’est possible, demandez simplement quels pronoms ou prénom la personne souhaite utiliser.
- Observez les signaux non verbaux, un regard, un silence, un sourire crispé, souvent plus explicites qu’on ne le pense.
La première rencontre demande de la souplesse. Ralentir, écouter, reconnaître que chaque situation appelle un équilibre différent : c’est souvent le meilleur point de départ.
Prendre contact sans maladresse : astuces pour une première approche respectueuse
Parler à un·e ami·e non binaire, c’est accepter de questionner ses propres habitudes. La familiarité, la distance, le choix des mots… tout compte, surtout lors du premier contact. Ici, la qualité de la relation prime sur la perfection du vocabulaire.
Allez droit au but, sans chercher à forcer la complicité. La sincérité d’une question, la discrétion d’un regard, la capacité à entendre une correction : tout cela construit la confiance. Une phrase simple, du type « Comment préfères-tu qu’on t’appelle ? », vaut mieux que mille contorsions ou un silence embarrassé.
- Utilisez le prénom donné par la personne et ne lui attribuez jamais un pronom d’office.
- Soyez attentif à ce qui n’est pas dit : parfois, le malaise s’exprime autrement que par des mots.
- Si vous faites une erreur, rectifiez calmement et passez à la suite : l’essentiel est de rester respectueux, pas de s’excuser à l’infini.
Pour installer un climat d’échange serein, misez sur la transparence : signalez si un doute subsiste, mais n’en faites pas le cœur de la conversation. L’aisance vient avec l’expérience, et surtout avec la volonté de reconnaître chaque personne dans sa singularité. Plus que des règles, ce sont l’écoute et l’agilité qui font la différence, au fil du temps et des situations.
La confiance s’installe peu à peu, au rythme de la cohérence entre les paroles et les gestes du quotidien.
Accompagner un·e collègue non binaire au travail : soutien, écoute et bonnes pratiques
Au travail, l’arrivée d’un·e collègue non binaire interroge les habitudes et parfois déstabilise les réflexes anciens. Prendre en compte le genre ne se limite jamais à une simple mention sur un organigramme : c’est toute la culture d’équipe qui s’ajuste. Les maladresses ne viennent pas toujours des mots, mais aussi des gestes, des regards ou des silences. La vigilance contre la discrimination ne se réduit pas à l’application d’un règlement : elle se joue chaque jour, dans l’attention portée à chacun.
Plusieurs leviers permettent d’installer une ambiance plus inclusive :
- Discutez ouvertement des besoins particuliers, en privilégiant l’écoute attentive avant d’agir.
- Proposez aux RH de réviser les formulaires internes pour qu’ils reflètent mieux les réalités vécues, sans attendre une directive d’en haut.
- Organisez des moments de sensibilisation, même brefs, pour lever les malentendus et encourager le respect.
La vigilance s’étend au-delà des procédures officielles : une blague mal placée ou une réaction de gêne peuvent peser lourd dans le ressenti. L’objectif : permettre à chacun de s’exprimer librement, sans peur d’être mis à l’écart ou jugé. L’appui d’un·e collègue non binaire ne se joue pas en solo : c’est la dynamique collective qui transforme vraiment la vie au travail, par des gestes simples et répétés.
L’écriture inclusive en action : rendre son langage plus accueillant au quotidien
Le choix des mots façonne le regard. Employer le masculin par défaut, c’est rendre invisible une partie de celles et ceux qui travaillent, vivent, discutent. L’écriture inclusive, loin des caricatures, propose des outils accessibles pour rendre la langue plus accueillante, sans révolutionner le dictionnaire.
- Adoptez des formules qui incluent tout le monde, comme « bonjour à toutes et à tous » ou « cher·e·s collègues ».
- Utilisez les accords dégenrés avec le point médian pour signifier la présence de tous les genres, sans donner la priorité à l’un ou à l’autre.
- Alternez parfois les formulations masculines et féminines, pour varier et équilibrer les représentations.
- Choisissez des mots épicènes, qui conviennent à tous les genres : « la personne », « l’élève », « le membre »…
L’écriture inclusive ne se limite pas à une question de signes typographiques. Elle invite à repenser qui a droit de cité dans la langue, qui reste dans l’ombre. Relire ses messages, ajuster un intitulé, veiller à ne pas enfermer l’autre dans une case : autant d’occasions de manifester du respect, concrètement.
La langue change parce que la société change. Choisir l’écriture inclusive, c’est faire le pari d’une parole qui accueille, qui ne laisse personne sur le bord du chemin.


